Un parcours en néerlandais ou la naissance d'ABCzaam

Introduction : Qui suis-je ?

Bonjour cher futur ami, chère future amie,

Je m’appelle Philippe et il y a de fortes chances que je sois le directeur de ton prochain stage de néerlandais.

J’ai travaillé comme professeur de français pendant 17 ans pour une association flamande qui organisait des stages de langue. Et j’ai vu, de mes propres yeux, et entendu de mes propres oreilles, des centaines de jeunes Flamands, incapables de dire un mot en français, terminer leur stage en ayant des conversations relativement fluides, comme s’ils avaient toujours parlé français.

Une prise de conscience

Alors, j’avoue… J’étais un petit peu jaloux de voir qu’en deux semaines, on pouvait vraiment bien se débrouiller dans une langue ; surtout que je m’étais « farci » six années d’études. Je réussissais, certes; mais j’étais incapable de parler.

Par exemple, un jour, alors que je devais avoir trente ans, une Flamande m’a demandé : « Hoe is’t Philippe ? » Un bref instant, j’ai cru qu’elle voulait jouer au Whist. Quand elle a vu que je n’avais pas compris, elle s’est mise à me parler en français…

La solution : l'immersion obligatoire

Alors, devant ces constats, il me fallait me mettre en immersion ! J’avais plusieurs possibilités…

  1. La première : Tout quitter, et partir travailler en Flandre ou en Hollande… Un peu extrême comme solution et pas sûr que je réussisse sans aucune aide…
  2. Deuxième solution : Me plonger dans un cadre immersif pour adulte. Je prends donc contact avec des organismes qui délivrent des cours en immersion. Ouais ! Certes, jaloux, mais quand même pas au point de donner plus de 4 000 euros pour une semaine en immersion…
  3. Donc, il ne me restait plus qu’une solution : Créer ma propre association de stages de néerlandais. Oui, mais quand on ne parle pas néerlandais, comment recruter, expliquer, former des moniteurs et des professeurs… ? Heureusement, je n’étais pas seul.

Des débuts compliqués

Essaie d’imaginer ce que fut mon premier stage de néerlandais, c’était à Malines (Mechelen). Je suis donc « directeur » du stage et tous les néerlandophones qui m’entourent passent leur temps à me corriger.

Je te raconte une anecdote : Je disais souvent « ik begrijp », (ce qui est la traduction de « je comprends ».) Oui, je le disais probablement souvent pour rassurer mes interlocuteurs néerlandophones qui devaient se demander si leur directeur « captait » quelque chose dans le stage… 😂

Plus de cent fois, pendant mes deux premiers stages, mes collaborateurs m’ont repris en me corrigeant : « Philippe, je moet zeggen : ik begrijp HET ! ». (Leen, encore merci ! 😉)

Mais l’immersion a des effets très rapides et efficaces…

Quatre ou cinq stages plus tard, nous organisions aussi à ABCzaam des stages de français, principalement pour des jeunes Flamands, et pendant trois quarts d’heure, j’ai expliqué le fonctionnement d’ABCzaam devant un parterre d’une cinquantaine de parents néerlandophones. En néerlandais, évidemment !

Aujourd’hui, par exemple, il ne me viendrait jamais à l’idée de parler français en Flandre, et, avec mes amis flamands, nous avons des conversations pendant des heures en néerlandais. Mais si celui-ci est loin d’être parfait !

Tout ça pour t’expliquer comment l’association ABCzaam est née. Alors, tu remarqueras qu’il y a des « petites phrases » que je ne me suis pas dites au moment de créer cette association…

  • J’aurais pu me dire, par exemple : « Tu n’y arriveras pas ! »
  • J’aurais aussi pu me dire : « Les Flamands vont se moquer de toi. »
  • Ou encore : « Tu es trop nul ! »
  • Et même : « C’est plus facile d’apprendre une langue quand on a onze ans, et toi, à trente-huit ans, tu es trop vieux pour apprendre le néerlandais… »


C’est vrai, quand j’y pense, j’aurais pu me dire tout cela, et aujourd’hui, j’aurais moins d’amis flamands, je ne parlerais pas néerlandais, je n’aurais pas la joie de voir tous ces jeunes dont je suis si fier à la fin des stages ABCzaam. J’ai tellement appris en créant cette association, notamment sur l’apprentissage des langues, que mon travail de professeur de français langue étrangère pendant l’année scolaire en est devenu d’autant plus captivant.

L'importance d’un environnement bienveillant

Oui, j’aurais pu avoir peur de beaucoup de choses ; mais, je n’y ai même pas pensé ! Pourquoi ? Parce que je savais ce que je voulais et comment y arriver. Et, je me suis dit aussi : « Si des gens se moquent de moi parce que je m’exprime mal en néerlandais au lieu de me féliciter pour mes efforts, eh bien, ce sont eux les « gros nuls ».

Au contraire, je me suis attiré l’amitié de personnes sérieuses, qui ont apprécié mes efforts et ma passion pour leur langue…

Et toi, tu l'aurais pris comment ?

Si moi, à 38 ans, j’ai pu apprendre le néerlandais en immersion à ABCzaam, et, ce, sans les cours, sans les activités, sans perpétuellement avoir quelqu’un à côté de moi…, il me semble évident qu’un jeune de 11, 12 ou 13 ans qui suit des cours, est encadré et sollicité toute la journée en néerlandais, deviendra bilingue encore plus rapidement que moi !

Tes doutes sont « normaux » : affronter ses craintes pour réussir !

Que tu aies la peut d’être plongé ainsi en immersion complète et obligatoire est tout à fait normal !

Et, je n’ai jamais dit ni écrit que c’était « facile » ! En fait, le premier jour, voire le deuxième aussi, tu vas rencontrer quelques difficultés.

Lesquelles ?

  • « Je ne connaîtrai personne en arrivant » : Vrai. C’est tout à fait possible, et alors ? Tu feras connaissance pendant le stage. C’est même dans la difficulté commune qu’on se fait les meilleurs ami(e)s !
  • « Je ne pourrai pas connaître les autres et me présenter car cela sera en néerlandais » : Faux.
  • « J’aurai peur de parler néerlandais » : Vrai. Mais cette crainte ne durera pas très longtemps, quelques minutes, puisque tu réaliseras vite que nous sommes tous dans la même situation.
  • « Je ne comprendrai rien à ce qu’on me dira » : Vrai, c’est possible aussi. Mais cela ne durera qu’un ou deux jours et, mieux, tu vas même apprendre à comprendre en situation.
  • « Je serai seul et personne ne s’occupera de moi ! » Faux. Sérieusement ? Il y a 3 néerlandophones pour un jeune francophone !
  • « On va me punir si je parle français » : Faux. On va progressivement te demander de fournir des efforts et, aimablement, t’amener à avoir des réflexes en néerlandais. Quand on est jeune, on a une plus grande faculté d’adaptation.
  • « Je vais souffrir sans mon GSM » : Faux. S’il y a bien un objet que les jeunes oublient après quelques heures, c’est le téléphone portable.
  • « Le néerlandais, c’est moche. » Faux. Quand on le pratique, on trouve ça génial et on se met même à le chanter.
  • « Ça va être comme à l’école ! » Faux, totalement faux ! A l’école, tu apprends à réussir « le permis théorique ». En stage, on te donne les clés de la voiture et on te fait réussir le permis pratique. Cela n’a strictement rien à voir avec l’école. Pour conduire une voiture, tu dois acquérir des réflexes, c’est exactement la même chose pour parler néerlandais.

Conclusion : ose demander et on te servira !

Depuis que je réfléchis au sens de notre travail à ABCzaam, je me rends compte que c’est bien plus qu’apprendre le néerlandais. C’est une expérience unique qui permet de changer sa façon d’apprendre, et aussi d’enseigner.


Alors, pourquoi ne pas essayer ? Et si tu es convaincu(e), mais que tes parents te disent que c’est trop cher, dis-leur de me téléphoner ! Même si les prix sont tout à fait corrects, je n’aime pas l’idée que ton souhait d’apprendre soit freiné par l’argent.

 

A bientôt,

Philippe.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *